Retracer l'histoire de sa famille grâce à un projet étudiant en Sciences humaines

Photos d'époque et livre sur table de bois

Plonger dans la généalogie de leur famille tout en faisant d’intéressants parallèles avec l’histoire du Québec, c’est ce qu’ont une fois de plus réalisé les finissants et les finissantes en Sciences humaines, profil Relations humaines et sociétés, dans le cadre de leur cours Culture et identités au Québec :  une histoire de résistances d’hier à aujourd’hui.

Le but est de les amener à apprécier leur histoire personnelle en vue de la resituer dans le récit national, tandis que l’exercice les aide à rendre l’histoire encore plus vivante et signifiante. À partir de leur généalogie, des archives familiales et de l’histoire orale, les finissants et finissantes parviennent à créer un portrait de famille personnalisé leur permettant de mieux percevoir le fait que leurs histoires personnelles sont forgées à partir de multiples influences (familiales, régionales, nationales, internationales) qu’ils et elles sont le produit d’un contexte historique... Les résultats sont souvent remarquables et plusieurs font des découvertes étonnantes. Des histoires familiales mises au service de la « grande Histoire »! 

« Une fois de plus cette année, j’ai pu constater l’énorme respect qu’ont les jeunes d’aujourd’hui pour leurs origines familiales et leurs ancêtres. À la lecture de leurs portraits, l’on perçoit rapidement toute l’admiration portée à cet « autre temps » qui n’est pas le leur… Le soin qu’ils et elles prennent à réaliser ce travail en est une preuve éloquente. À vous de le constater avec ces extraits : un « grand cru 2025 »! », mentionne Linda Frève, enseignante.


Site Web présentant le travail d'Océanne Leblanc

Pour bien constater l’ampleur de la démarche, consultez le site Web créé par cette étudiante!


Extrait provenant du travail de Zackary Lacasse

Un respect envers les luttes ouvrières du passé

Je me suis battu pour la liberté en 1918. Je n’aurais jamais cru qu’en 1949, ce serait ici, chez nous, que je devrais me battre pour le droit de respirer. Ici, à Asbestos, c’est la roche qui fait vivre. L’amiante, l’or blanc. On en respirait tous les jours, ça s’infiltrait dans les plis de nos chemises, dans nos cheveux, jusque dans la soupe du soir. On savait que ça grattait la gorge, que certains vieux finissaient à bout de souffle… À force de voir des gars de quarante ans cracher leurs poumons, des amis s’effondrer sans qu’on puisse mettre un mot sur leur mal, ça a fini par s’imprimer en moi. Ce minerai qu’on allait chercher chaque jour, ce n’était pas de l’or. C’était du poison.


Extrait provenant du travail d'Anne-Frédérique Day

14 femmes, 1 tragédie

Il m’est trop difficile de désigner une seule personne de l’histoire du Québec que j’aurais aimé rencontrer. En fait, il y en a quatorze, précisément. Ces quatorze personnes, ce sont les quatorze femmes victimes de la tragédie de la Polytechnique de 1989 : Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewicz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte.

J’aurais voulu les rencontrer pour savoir qui elles étaient vraiment, individuellement. J’aurais aimé connaître leurs aspirations, leurs rêves, leur vision du monde. J’aurais voulu entendre leurs rires, comprendre ce qui les motivait, ce qu’elles espéraient de l’avenir. Je vois en elles une force immense, et mon cœur se remplit de chagrin quand je pense au destin qu’on leur a cruellement arraché.


Extrait provenant du travail de Maxence Duret

Hommage à Pierre Bourgault

J’aurais voulu rencontrer Pierre Bourgault, un orateur de légende, un intellectuel né, qui a propagé le chemin à l’indépendance du Québec avec une telle passion. Dans ses discours, on ressent la fierté, la douleur et l’espérance d’un peuple qu’on voulait faire taire. J’aurais voulu lui poser cette question : « Croyez-vous que les mots, à eux seuls, peuvent réellement libérer une nation? »


Extrait provenant du travail de Justin Langlois 

Une recherche généalogique qui amène une prise de conscience

Ce projet m’a amené bien plus loin que je ne l’aurais cru. À force de discussions, de recherches et d’un peu de chance, j’ai réussi à mettre la main sur des documents incroyablement précieux pour ma généalogie. J’ai eu la chance de faire la rencontre d'un généalogiste passionné, voisin de mes grands-parents. Curieux de mes origines et prêt à creuser plus loin, j’ai passé plusieurs heures de travail avec lui, explorant les archives, les registres paroissiaux et les bases de données spécialisées. Ensemble, nous avons réussi à reconstruire une immense partie de ma lignée maternelle. (…) Cette démarche m’a fait réaliser que mes racines sont bien plus vastes et entrelacées que ce que je pouvais imaginer. Chaque nom inscrit sur ces documents est une vie, une histoire, un maillon dans la chaîne qui a mené jusqu’à moi. Et aujourd’hui, en retraçant ces fils, j’ai l’impression d’honorer leur existence et de continuer à faire vivre cette mémoire.


Extrait provenant du travail de Francis Couturier Bergeron

Son émouvant hommage à son grand-père

Je pense que l’histoire d’Hermas est digne d’être racontée, puisqu’elle montre la force et la résilience des gens de l’époque. Cette histoire du petit Canadien français qui en a arraché toute sa vie sans jamais se laisser abattre, qui est celle de tant de gens comme mon grand-père, m’a toujours épaté. Cette force-là, presque surhumaine, c’est, pour moi, le véritable cœur du peuple québécois. Quand je m’imagine mon grand-père, à 11 ans, dans le fin fond du bois entre Rivière-à-Pierre et La Tuque, en train de chanter une chanson autour du poêle avec d’autres gars qui, comme lui, apprennent si vite à devenir des adultes, je ne sais pas pourquoi, mais je trouve ça beau et ça m’émeut.


Extrait provenant du travail de Julianne Gagnon

L'hommage à sa grand-mère

Line a toujours su supporter ses proches et mettre sa famille de l’avant. En tant que mère monoparentale, elle a élevé ma mère et mon oncle seule. Elle devait parfois réussir à faire l’épicerie avec un simple 5$. (…) J’ai grandi dans l’appartement en dessous du sien et elle est une des personnes qui a le plus été présentes durant mon enfance. Elle m’accueillait chez elle, les bras grands ouverts, presque tous les jours. On cuisinait, on allait au parc, elle m’amenait à son travail, elle étudiait avec moi bref, on faisait tout ensemble. Encore à ce jour, nous vivons très près l’une de l’autre et la voir m’amène toujours autant de joie. Je l’aime du plus profond de mon cœur et j’espère pouvoir profiter de sa présence et de son amour encore longtemps.


Extrait provenant du travail de Thomas Côté

Sa grand-mère qui vote pour la première fois en 1944

Ce jour-là, je n’étais plus seulement une ménagère invisible. J’étais une citoyenne. J’ai attendu les élections de 1944 avec impatience. Je suis allée voter vêtue de ma robe noire, mon manteau long, au bras de Madeleine, qui avait 20 ans. Elle m’a dit plus tard qu’elle n’oublierait jamais ce moment. Moi non plus. Après cela, je n’ai jamais cessé de parler politique à la maison. Je disais à mes fils : « Vous avez une mère qui pense. N’oubliez jamais ça. » Et je disais à mes filles : « Vous n’êtes pas moins importantes que vos frères. Faites-vous entendre. »


Extrait provenant du travail de Patrika Dominique

Étudiante d'origine innue et naskapie, pour un Québec meilleur

Je veux que le Québec connaisse les réalités autochtones. Les communautés vivent encore des traumatismes intergénérationnels. Je n’arrive pas à croire que je vis encore les dégâts d’il y a 158 ans. Depuis la création de la loi sur les Indiens en 1876 et les pensionnats, les Premières Nations ont dû s’adapter en peu de temps. L’enlèvement forcé des enfants pendant de longues périodes pour les assimiler a désorienté les parents. De retour chez eux, les enfants étaient détruits. Ils ont été privés de leurs terres. Ils se sont sentis perdus, car cette nouvelle vie n’était pas celle de leurs ancêtres. Ils se sont éloignés de leur identité. Certains ont fini par sombrer dans l’alcool. C’est à partir de là que la violence et l’alcoolisme a commencé dans les communautés. On subit encore leurs traumatismes. (…) Ça me met en colère quand les Québécois disent qu’on devrait laisser le passé derrière ou qu’on est chanceux. Ça prouve que plusieurs ne connaissent pas nos réalités. C’est pour cette raison que je souhaite la réconciliation. Je veux un Québec avec des citoyens éduqués. Je veux un Québec sans racisme systémique.


Extrait provenant du travail de Lucie Tisserand

Et son rêve d'un Québec sans peur et sans violence faite aux femmes

Le Québec de mes rêves est une utopie ou bien un rêve. J’aimerais que les femmes et les hommes soient traités équitablement, j’aimerais ne pas craindre d’aller seule au centre-ville, d’aller au bar sans que nous nous fassions embêter simplement parce que notre tenue est moulante. J’aimerais que les jours d’hiver, lorsque l’on rentre à la nuit tombée, on n’ait pas besoin de se retourner pour vérifier que personne ne nous suit de trop près. J’aimerais que les différentes batailles et luttes faites par d’illustres femmes pour leurs droits ne soient pas remises en doute… Ce que j’aimerais, c’est un Québec sans peur et sans violence.


Extrait provenant du travail D'André Nathaniel Komi Kpéhounton

Pour un Québec où la diversité et les autres cultures ont leur place

Le Québec de mes rêves, c’est un Québec où toutes les cultures et les diversités sont reconnues et respectées, pas juste en surface. Un Québec où une personne immigrée ou « différente » peut se sentir totalement chez elle et en confiance sans se sentir marginalisée. J’aimerais que mes enfants, plus tard, puissent grandir en étant fiers à la fois de leur héritage africain et de leur identité québécoise. Ce que je veux leur transmettre, c’est le respect de tous, le courage qu’a su faire preuve ma mère, la richesse de nos langues et traditions, mais aussi l’histoire du Québec, avec ses luttes, ses avancées, et son ouverture à la diversité. Je veux qu’ils sachent d’où ils viennent, afin qu’ils ne perdent pas leur racine.


Extrait provenant du travail de Céleste Grenier

Pour un Québec plus vert

Le Québec de mes rêves est un pays vert, où l’environnement est au cœur de toutes les décisions. On protège nos rivières, nos forêts et notre majestueux fleuve Saint-Laurent comme des trésors précieux. L’énergie provient de sources propres et renouvelables, et les villes sont conçues pour les piétons, les vélos et le transport en commun. Les Québécois vivent en harmonie avec la nature, conscients de leur impact et fiers de bâtir un avenir durable. C’est un Québec qui respire, qui pousse, et qui inspire le monde à faire mieux pour la planète. Dans mon Québec idéal, on a retrouvé cet aspect de communauté qu’on perd tranquillement au fil du temps. Il est basé sur l’entraide et la solidarité. Il est rempli d’amour et de respect.


Félicitations à tous et à toutes pour ces projets des plus intéressants !

Catherine Dallaire

Conseillère en communication

Direction des communications et du développement institutionnel