Les suggestions de Pascal - Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson

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Pascal Riverin

Pascal Riverin, conseiller pédagogique à la valorisation de la langue

 Les bibliothèques vous présentent une série de lectures de la communauté du Cégep. 

Arrête avec tes mensonges - Philippe Besson

Couverture livre Avec tes mensonges

 « Il y a cette brûlure de ne rien être autorisé à dire, de devoir tout taire, et cette question terrible, cet abîme sous les pieds : si on n’en parle pas, comment prouver que ça existe? » (p.107)

La maison d’édition a classé cette œuvre de Philippe Besson dans le genre roman; il s’agit davantage d’un récit autobiographique, où l’auteur raconte à cœur ouvert sa propre liaison intime avec un garçon, Thomas, à la fin du lycée. Une fréquentation qui devait rester cachée : l’histoire se passe en 1984, dans une petite commune française, dans un contexte où il était difficile de s’épanouir, où plusieurs, comme Thomas, préféraient taire leurs pulsions. Le lecteur reconnaitra la fébrilité des premières rencontres et l’incertitude – envers soi, envers l’autre – qu’elles engendrent. Une histoire d’amour bouleversante est racontée, certes, mais c’est la discordance dans les sentiments de Thomas, qu’on perçoit par ses comportements (la narration est focalisée du point de vue de Philippe), qui est au cœur de cet ouvrage, un peu comme s’il avait compris très tôt qu’il ne pourrait s’ouvrir à cette relation :

« La question s’est imposée d’elle-même : pourquoi moi [Philippe]? […]

Il [Thomas] dit : parce que tu n’es pas du tout comme les autres, parce qu’on ne voit que toi sans que tu t’en rendes compte.

Il ajoute cette phrase, pour moi inoubliable : parce que tu partiras et que nous resterons. » (p.42)

J’ai lu ce livre d’un couvert à l’autre sans me lever : un sujet habilement traité, une intrigue prenante. L’écriture de Besson est explicite (parfois crue), détaillée, mais sans fioritures. Elle est d’un style à la fois dense, rythmé et vif, où s’enchainent les juxtapositions : 

« Le jour dit, juste avant que Thomas ne sonne à la porte de la maison, je suis dans une grande nervosité. Je me suis rasé deux fois, moi qui suis alors presque imberbe, je me suis coupé, j’ai une plaie sur le bas de la joue gauche, j’ai passé un peu de pierre d’alun mais ça n’a rien changé, je suis convaincu d’être défiguré. J’ai mis du parfum aussi, pas l’habitude, j’empeste, et c’est le parfum de mon père, aux senteurs animales, pas végétales, où le musc domine, l’odeur est entêtante. » (p.73)

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