La tête ailleurs, une œuvre alliant ombro-cinéma… et génie mécanique

L’œuvre La tête ailleurs rend hommage à l’ombro-cinéma, technique ancienne d’animation qui, à travers une trame d’écran simple, crée l’illusion du mouvement. Imaginée par Fannie Giguère, enseignante en Arts visuels, pour le parcours d’art public Passages insolites 2018, la machine à images a également nécessité la collaboration d’un enseignant en Techniques de génie mécanique, Jean-René Rodrigue, pour créer le mécanisme. Une collaboration nouvelle et inattendue pour ces deux enseignants du Cégep. Une collaboration très réussie qui pourrait faire naître d’autres projets.

Peut-être avez-vous pu voir et même tourner la manivelle de la machine cet été. Localisée derrière le Musée de la civilisation, à l’angle des rues Saint-Pierre et Saint-Antoine, La tête ailleurs fait partie des neuf installations ludiques composant le parcours d’art public Passages insolites 2018 conçu par EXMURO. Et si ce n’est déjà fait, sachez que vous avez jusqu’au 18 octobre pour aller vous laisser prendre par l’illusion!

Une collaboration née de beaux hasards

Fannie en est à sa 2e participation aux Passages insolites. Après avoir préparé une œuvre vidéo visionnée par un seul visiteur à la fois en 2016, elle avait envie cette fois d’une grosse œuvre interactive, accessible pour un grand nombre de passants : « Comment faire une image en mouvement publique, autonome, que tout le monde peut voir de jours comme de soirs? C’est là que l’ombro-cinéma, créé à partir d’une illusion d’optique est apparue comme une solution. Sans compter que j’avais toujours rêvée de faire une machine! », explique Fannie. La machine en question nécessitait alors du génie mécanique!

Après qu’un ami ingénieur dû se retirer du projet, Fannie est allée se promener dans le Département de génie mécanique. Elle avait besoin de quelqu’un de créatif, d’ingénieux et qui aurait assez de temps pour un blitz de projet! Le nom de Jean-René est apparu comme une évidence. Alors en congé de paternité, il aurait du temps et surtout, c’est un « patenteux », selon ses collègues.

Jean-René a accepté de relever le défi. « Fannie avait l’air fiable et organisée. L’échéancier du projet était très serré, mais au moins, il y avait un échéancier », lance-t-il pour expliquer sa première participation à un projet artistique.

Un mécanisme de précision

Chacun dans leurs champs d’expertise, ils ont fait beaucoup de recherche et développement pour créer l’illusion de mouvement. Un travail de précision afin qu’un moteur puisse actionner trois rouleaux d’images fixes, avec une vitesse stable et constante, derrière un grillage, créant l’illusion du mouvement.

De son côté, Fannie s’est fabriqué un prototype pour tester l’image et le rapport entre l’image fixe et le grillage qui créerait la meilleure illusion de mouvement. Du côté de Jean-René, il devait trouver un mécanisme permettant d’actionner les trois rouleaux d’images à une vitesse stable et plutôt lente, sans possibilité de faire reculer l’image…

Ils ont vécu un grand marathon créatif de mars à juin, durant lequel le réseau de contacts de chacun a été très précieux. Que ce soit pour souder et pour préparer le cadre de la machine, pour l’impression des rouleaux d’images, pour la programmation de la machine…

Et la machine à partir du 19 octobre?

Fannie et Jean-René iront démonter la machine le 19 octobre, après quatre mois d’exposition urbaine, pour lui faire des ajustements et des réparations dues aux intempéries. ExMuro va conserver l’œuvre pendant un an, avec l’espoir de la réinstaller dans un parc public de la ville de Québec l’été prochain.

Pour les deux passionnés, ce fut une expérience éprouvante sur le coup, mais une très belle expérience qui devrait donner vie à d’autres projets. La machine à penser et à rêver est déjà en fonction!

Michelle Therrien

Conseillère en communication

Direction des communications et du développement institutionnel